Hier matin, la commune de Dracy-le-Fort a rendu hommage aux soldats morts pour la France lors de la traditionnelle cérémonie du 11 novembre. Rassemblés devant le monument aux morts, élus, représentants d’associations et habitants ont observé un moment de recueillement après le dépôt de gerbes.
Après la minute de silence, les enfants de l’école ont pris part à la cérémonie en lisant des textes, rappelant l’importance de transmettre le devoir de mémoire aux jeunes générations. La commémoration s’est conclue par un vin d’honneur dans une ambiance conviviale.
Retour en images de la 107e commémoration du 11 novembre.

Prise de parole de Monsieur Wurtz concernant l’uniforme porté :
11 novembre 2025
Aujourd’hui, dans le cadre du Devoir de Mémoire, je porte la tenue d’un chasseur du 13ème BCA, période 1917-1918, pour évoquer les bataillons de Chasseurs ALPINS de l’Armée Française.
A l’origine des BCA, on trouve les BCP, unités apparues sous Louis Philippe, dans les années 1840. Ce sont des unités d’infanterie légère chargées de missions de reconnaissance, d’opérations spéciales (attaque des lignes de ravitaillement ennemies ou de postes). Elles se déplacent avec fluidité, contrairement à l’Infanterie de Ligne, qui comme son nom l’indique, aborde l’Ennemi en ligne de bataille.
Après la guerre de 1870, les relations franco-italiennes se dégradent, en particulier après 1881 avec l’établissement du protectorat français en Tunisie, territoire que l’Italie convoitait.
La question se pose alors de protéger notre Frontière avec l’Italie, d’autant plus que dès 1872, cette dernière a installé dans cette région des unités entrainées au combat en montagne : les Alpini.
En 1888, une loi porte création des troupes de montagne. Douze des 31 bataillons de chasseurs à pied sont choisis pour assurer cette mission. Ils prennent l’appellation de « bataillons alpins de chasseurs à pied » (BACP), qui devient en 1916 « bataillons de chasseurs alpins » (BCA).
Guerre 14/18 :
Au déclenchement de la 1ère guerre mondiale le 03/08/1914, Le 13ème BCA est caserné à Chambéry.
Il part pour le Front et dès le 13/08/1914 il combat dans les Vosges, aux côtés d’autres BCA et BCP. En 1915, on le retrouve notamment sur l’Hartmannswillerkopf (le vieil armand),
Lors de ces combats très violents dans le massif vosgien, les unités de chasseurs y gagnent le surnom de « Schwarzen Teufel », littéralement les diables noirs., surnom donné par leurs adversaires allemands. Les chasseurs transforment alors ce surnom en « diables bleus », en référence à la couleur de leur tenue, surnom qui leur est resté.
En 06/1916, il quitte les Vosges pour combattre dans d’autres secteurs du Front. Français ainsi qu’en Italie.
A la fin de cette année , le 13ème BCA gagne une 3ème citation à l’Ordre de l’Armée qui lui confère l’attribution de la fourragère aux couleurs de la Croix de Guerre.
L’armistice du 11/11/1918 le trouve à 8 kms de la frontière belge. Il ne peut plus aligner que 185 combattants (sur un effectif théorique de 1500 à 1700) hommes), ayant notamment subi des pertes considérables en 10/1918 en raison de l’utilisation massive du gaz Ypérite par l’artillerie allemande.
Le 25 décembre 1918, le bataillon reçoit une 4e citation à l’ordre de l’armée pour l’ensemble de ses combats de 1917 et 1918, lui permettant de porter la fourragère aux couleurs de la médaille militaire.
Au cours de la 1ère guerre mondiale, le bataillon a perdu 1 473 chasseurs morts pour la France.
Quelques particularités propres aux BCA et BCP :
Le drapeau
Il n’y a qu’un seul drapeau pour tous les bataillons et groupes de chasseurs à pied ou alpins, la garde en est confiée, à tour de rôle et dans l’ordre croissant des numéros, à chaque bataillon pour un an.
Le béret de chasseur alpin est adopté comme coiffe des chasseurs en 1891, sur décision du ministère de la Guerre. Son origine est béarnaise. La « tarte », ainsi appelée par les chasseurs, devient vite l’emblème des chasseurs alpins : suffisamment grande pour protéger du froid lors des longues gardes en montagne, elle protège aussi du soleil. Lors de la Première Guerre mondiale, les chasseurs abandonnent même le casque réglementaire pour porter leur tarte emblématique durant les combats.
Pourquoi dit-on « bleu cerise » ?
Cela remonte à l’époque où Napoléon III voulut habiller toute l’Armée Française avec le pantalon garance que portait déjà l’Infanterie de Ligne et qu’elle aura encore en 1914. Il s’en suivit une protestation des Unités de Chasseurs qui refusèrent d’abandonner leur uniforme traditionnel de couleur bleu chasseur.
La réforme envisagée fut abandonnée mais depuis ce jour les Chasseurs ne prononcent plus le mot rouge -remplacé par bleu cerise- sauf pour évoquer le rouge du drapeau tricolore, la couleur du ruban rouge de la Légion d’honneur et le rouge des lèvres de la bien- aimée.
13 novembre 2025